LePoint, ou la compassion pour les puissants

Vous êtes l'héritier pourri et incompétent d'une grande entreprise industrielle et vous vous apprêtez à foutre en l'air 8000 bonhommes ? Malgré tout, vous vivez mal que l'on vous adresse quelques critiques ?

LePoint.fr met à votre service ses meilleurs chroniqueurs. Parce que vous vous êtes donné la peine de naître,  nous vous proposons, pour vous défendre, une gamme de clichés éculés, d'émotions faciles et d'articles de prêt-à-penser incomparable : compassion pour les puissants, mépris des faibles, compétition internationale, rejet du suffrage universel, refus de la fiscalité, méfiance du peuple... Trouvez ce dont vous avez besoin sur LePoint.fr

Philippe Tesson signe avec l'article dont le paragraphe ci-dessus fait la promotion un pâté gonflé d'emphase, qui sent la médiocrité décontractée du travail quotidien de journaliste aux ordres. Sur un peu moins d'une page, et d'une écriture automatique qui ignore où elle mène celui qui s'y livre, le chroniqueur du Point arrive à faire preuve d'empathie pour la famille Peugeot, au moment même où ladite famille livre 8000 gars à Paul en bois.

Et on vous présente quelques morceaux choisis, même si c'est difficile :

"À la limite, on veut bien que ceux qui nous gouvernent prennent l'argent là où il est, soit pour réparer des injustices trop insupportables soit pour relancer l'économie. Mais pas de cette façon-là. Pas en tenant ce discours-là. Pas en stigmatisant et en culpabilisant les riches, tout en utilisant le langage du rassemblement et de l'union. C'est une forme de racisme odieux."

Au cas où le juge de touche aurait pas bien vu, Tesson insiste un coup quelques paragraphes plus loin, histoire d'être sûr que son Godwin a été validé : "La haine des riches, comme il y a la haine des juifs".

Tesson s'interroge aussi sur l'origine des gouvernants, "Après tout qui sont-ils ? D'où viennent-ils ?", avant de se rappeler "La majorité des Français les ont élus. Certes. Mais pas pour qu'ils divisent." Car Tesson, qui a le pouvoir de sonder les plus intimes pensées du corps électoral, sait pourquoi les français les ont élus.

On notera aussi : "Qu'ont-ils pour la plupart jamais risqué, jamais entrepris, jamais souffert ?", assez osée, dans une tirade de défense des Peugeot, ainsi que "Quelle relation particulière ont-ils avec la pauvreté qui leur donne le droit de condamner la richesse ?", qui, si ce n'était pas un pur effet de manche, procéderait d'un ouvriérisme comme on n'en voit plus souvent.

Bref, LePoint (Godwin, en l'occurence), c'est vraiment de la grosse merde qui colle aux pompes.